Poème de prison

Publié le par pelenop

Il était exactement 6 heures du soir
Lorsque deux dragons noirs
Deux flics de la police politique
Ont brouillé les eaux de mon pacifique
Dans ma maison et la tienne
Les murs ont blêmi de haine
La haine pour tous les fascistes
Elles on un coeur les choses
Les dragons noirs
Ont tant fait  souffrir notre chaise
Sur laquelle toi et moi
Nous nous sommes si souvent  assis
Tu te rapelles ?
Tu m'appelais ma belle
Et nous commencions notre travail
La lecture de notre journal
Le soir
Les dragons noirs
Viennent ombrager notre souvenir
Avec leurs ailes
Ils viennent déchiqueter notre avenir
Avec leurs serres
Mais leurs yeux morts
Tisions calcinés
Par la force de notre amour
Par l'étoile rouge
Sont aveuglés.
Ils bousculent nos papiers
Eparpillent nos livres
Qui gémissent sous leurs pieds
Les livres que toi et moi
Nous avons si souvent feuilletés

Dans ma maison et la tienne
Les dragons noirs
Avalent notre sang
Leurs gueules en sont pleines
Ils mordent notre chair
Et cherchent les noms des révolutionnaires
Quand ils ont fini le carnage
La décision du maître
Est de me conduire
Dans des lieux de torture
Et moi avant de sortir
J'ai regardé les murs
Nos tableaux de peinture
Qui gisaient sur le sol
Qui souffraient le martyr
De nous voir partir
Pour peut-être
Ne plus revenir
Et moi-même j'ai fait serment
Que je poursuivrais le combat.

Saïda Menebhi
Janvier 1976

Publié dans Culture

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